Axe hospitalier du CAHMER

Pour un axe d’études hospitalières au CAHMER

hotel-dieu-Compiègne

Argumentaire

À l’origine spécialisé dans l’archéologie des établissements religieux du type monastique au Moyen Âge dans le nord de la France, le CAHMER a élargi son horizon heuristique à d’autres disciplines, à commencer par l’histoire, a prolongé ses perspectives médiévales jusqu’aux Temps modernes, a étendu son champ d’investigation aux sites castraux et a débordé le cadre géographique initial, pour une appréhension globale du rôle structurant de ces deux pôles monastique et castral dans un territoire et son peuplement.
Or, à partir du XIIe siècle principalement, un troisième acteur majeur, sinon politique et administratif comme lieu de pouvoir, du moins social et économique et fréquemment enjeu de pouvoir, intervient dans la transformation du paysage médiéval : c’est l’hôpital, qui accueille pauvres, malades et pèlerins. Si tant est que lui soit adjointe une église ou chapelle, avec cloche et desservant, voire un cimetière — ce qui exclut, en l’occurrence, les multiples petites fondations domestiques et précaires —, l’hôpital ou la léproserie est un établissement religieux à part entière, un locus religiosus au regard du droit canon, couramment constitué en prieuré et normalement placé sous la tutelle et protection éminente de l’évêque, nonobstant celle d’autorités concurrentes proprement ecclésiastiques (monastères et couvents, collégiales, ordres religieux, recteurs paroissiaux…) ou séculières (patrons laïques, communautés d’habitants, confréries…). La charité des fidèles et sa propre gestion le nantissent d’un patrimoine foncier, immobilier et marchand, si ce n’est pareillement de bénéfices ecclésiastiques, dont les revenus, ajoutés aux aumônes et au casuel, doivent garantir son bon fonctionnement et sa pérennité. Il est facilement confié à une fraternité de clercs et de convers, hommes et femmes, soumis à quelque observance religieuse et à une certaine discipline communautaire.
L’hôpital, la léproserie moindrement peut-être, sont au cœur des réseaux sociaux, des circuits économiques et des dynamiques spatiales. À telle enseigne que leur implantation participe à la fixation et à la hiérarchisation du peuplement ainsi qu’à la redéfinition des itinéraires terrestres ou rend compte de celles-ci, de même que le niveau d’équipement hospitalier d’une agglomération représente un critère fiable de sa centralité et traduit le progrès de l’urbanisation.
L’hôpital est entré dans l’art et la littérature et il nous a laissé un important patrimoine archivistique, architectural et artéfactuel, dont l’exploitation historique et surtout archéologique, selon des problématiques et des méthodes renouvelées, reste encore médiocre et dont la préservation est trop souvent aléatoire ou mal assurée.
Enfin, l’hôpital ancien revêt une dimension symbolique forte. Au Moyen Âge, il est l’expression remarquable de la miséricorde divine, en procédant de la charité qu’elle anime. Dans la mémoire des hommes, il est demeuré jusqu’à nos jours le théâtre exemplaire de la souffrance soulagée par la bienfaisance, l’institution phare de cette bienfaisance et de l’assistance. Dans ses Mémoires sur les hôpitaux de Paris, en 1788, le chirurgien Jacques Tenon a pu dire que « les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d’un peuple ».

Objectifs

Il avait déjà été proposé, il y a quelques années, de créer un véritable axe de recherche sur les établissements religieux hospitaliers au sein du CAHMER. Il est temps de concrétiser le projet. Les objectifs de cet axe à construire seraient les suivants :

  • regrouper les historiens et archéologues qui prennent pleinement en considération le phénomène hospitalier précontemporain dans le nord de la France et au-delà ;
  • organiser avec eux des rencontres périodiques, en publier les comptes rendus ou les actes ;
  • publier des dossiers thématiques dans HMA notamment ;
  • promouvoir les travaux des chercheurs de l’axe ;
  • accompagner des étudiants chercheurs dans la préparation de leur mémoire de master ou de leur thèse de doctorat sur le sujet ;
  • promouvoir des travaux archéologiques sur des sites hospitaliers ;
  • collaborer à des programmes de recherche avec le CAHMER et divers partenaires scientifiques et culturels, à l’Inventaire général du patrimoine culturel, à la carte archéologique nationale, etc.

Au total, il s’agirait de contribuer efficacement à une accumulation raisonnée des connaissances sur l’hôpital médiéval et des époques précontemporaines et de lui donner toute la visibilité historiographique et patrimoniale souhaitable auprès des chercheurs en sciences humaines mais également des acteurs institutionnels et plus largement du public. Il n’existe aujourd’hui aucune unité de recherche scientifique dans ce domaine en France et sans doute pas davantage en Europe. En permettant le développement en son sein d’un axe d’études hospitalières, le CAHMER jouerait un rôle capital, par conséquent, dans la valorisation de ces études.

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Contact

Bruno-Tabuteau
Bruno Tabuteau
bruno.tabuteau@cahmer.fr
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