« L’archéogéographie des territoires de l’Oise (2024)
Le CAHMER accompagne depuis 1995 un programme d’études archéogéographiques des territoires de l’Oise. La méthode croise la prospection à vue, l’étude de la documentation de géographie historique en archives (documents écrits et planimétriques) et les autres sources (LiDAR, enquête orale, orthophotographie, archéologie monumentale…). La campagne 2024 s’est concentrée sur sept communes : Baron, Chantilly, Nanteuil-le-Haudouin, Rhuis, Rully, Senlis et Villeneuve-sur-Verberie. La campagne s’est faite cette année en collaboration avec les sociétés savantes locales comme la Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, Histoire et Archéologie de Nanteuil, les Amis du prieuré de Bray, avec le Parc Naturel régional Oise-Pays-de-France, avec Aquilon, bureau d’études spécialisé en monuments historiques et archéologie et avec l’École nationale supérieure de Paysage (Versailles). Le CAHMER possède également son siège social dans l’Oise à Compiègne et sa bibliothèque à Senlis. La restitution des recherches isariennes se fait au moyen de publications d’articles scientifiques et/ou de conférences à destination du grand public :
Recherches en cours
« Prospection terrestre en forêt de Chantilly au moyen d’un relevé LiDAR » (PNR Oise Pays-de-France dir. ) ;
« Baron, étude archéogéographique » (Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis) ;
« Le jardin à la française du château de Nanteuil-le-Haudouin » (Histoire et archéologie de Nanteuil) ;
Publications
« Le terroir de Rouanne (Oise), Nanteuil-le-Haudouin (Oise), Boves (Somme), Grandmont (Haute-Vienne) », in « Fouiller le Moyen Âge, miscellanées offertes à Philippe Racinet, professeur d’Histoire et d’archéologie médiévales à l’Université de Picardie Jules Verne », Histoire médiévale et archéologie vol 37, Compiègne, 2024, p. 17-34
« Une commune, trois paroisses aux confins du Pays de Senlis et du Valois » et « Les communications à Rully » in Le Prieuré de Bray-sur-Aunette, son territoire, et son histoire, de l’Antiquité à nos jours, ouvrage collectif sous la direction de N. Bilot, Les Amis du Prieuré de Bray, Rully, 18 octobre 2024, 236 p.
Conférences/visites
« Des fortifications collectives inconnues : Villeneuve-sur-Verberie et Nanteuil-le Haudouin » (février 2024, Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis) ;
« Histoire du vélodrome de Senlis, contribution à l’année olympique », (avril 2024, avec G. Bodin, Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis) ;
Visite commentée à Rhuis « Atlas des Paysages, la Vallée de l’Oise, de Compiègne à Senlis » (avril 2024, École nationale supérieure de Paysage dir.) ;
« Le patrimoine des réseaux et des communications à Senlis » (Randonnée du patrimoine, septembre 2024 Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis) ;
« Le terroir de Rully et Bray des origines à la fin du Moyen Âge » (octobre 2024, Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis) ;
Nanteuil-le-Haudouin
En collaboration avec l’association Histoire et Archéologie de Nanteuil, une opération d’archéogéographie et de géographie historique s’est achevée en 2022. L’objectif était de reconstituer l’aspect et le fonctionnement du territoire monastique du prieuré de Nanteuil au Moyen Âge. Une première approche a été publiée dès 2019 :
« Le prieuré clunisien ND et Saint-Babylas de Nanteuil le Haudouin (Oise) (fin XIe fin XVIIIe siècles) Histoire et archéologie », Philippe Racinet dir., Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 33, 2018, janvier 2019.
Un étude plus complète est en ligne depuis le 22/02/2023sur le site academia.edu : Régis Moreau et Jean-Marc Popineau : L’espace vivrier du prieuré de Nanteuil-le-Haudouin (Oise, Hauts-de-France) Archéogéographie d’un territoire monastique médiéval. Disponible sur :
https://www.academia.edu/97330669/
La suite du programme s’oriente vers l’étude archéogéographique du territoire de la seigneurie de Nanteuil-le-Haudouin dans le bourg et ses environs, là aussi pour comprendre le fonctionnement et l’impact de la seigneurie sur son territoire proche au Moyen Âge. Un des aspects de l’opération est le dégagement des sous-sols du château de Nanteuil, rasé à la Révolution, et la reconstitution 3D de l’édifice.
Une synthèse des découvertes archéologiques sur le territoire de Nanteuil-le-Haudouin depuis le XIXe siècle a également été effectuée et publiée en 2023 :
Régis Moreau et Jean-Marc Popineau « Les apports de l’archéologie à l’histoire de Nanteuil-le-Haudouin » Hist&A n° 4, Nanteuil-le-Haudouin, janvier 2024, p. 167-199.

Le pont-bonde du Vivier aux Moines (XIVe siècle), gestion des ressources hydrauliques par les bénédictins de Nanteuil
Senlis
Un étude historique et d’archéologie du bâti de l’hôtel de ville de Senlis, en collaboration avec la Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis, a été achevée en 2023. L’hôtel de ville de Senlis, dont le plan primitif a été modifié par des adjonctions faites à différentes époques, se présente aujourd’hui comme un bâtiment d’apparence plutôt modeste, surtout si on le compare à d’autres édifices civils construits ou reconstruits à la même période, celle du gothique flamboyant, comme les mairies de Compiègne ou de Noyon. Cela explique sans doute le peu d’intérêt qu’il a pu susciter jusqu’alors chez les historiens, dans une ville par ailleurs si riche en monuments d’exception. Or, cet hôtel de ville est, en même temps, le symbole de huit siècles et demi d’implication des habitants de Senlis dans la vie municipale depuis l’établissement de la commune en 1173. Construction, reconstructions et extensions témoignent aussi des vocations multiples de ce bâtiment qui fut tout à la fois un lieu de politique et de commerce, d’administration et de justice, et bien plus encore.
Pour reconstituer l’histoire de l’hôtel de ville de Senlis, il a fallu remonter jusqu’à l’origine de la commune, au XIIe siècle. C’est en effet, en 1173, qu’une charte communale, sur le modèle de celles de Soissons et de Compiègne, fut accordée aux habitants par le roi Louis VII le Jeune. L’étude du bâti a permis de constater que de nombreuses parties de l’édifice remontent au XVe siècle.
Cette étude a été publiée en 2023 :
Arnaud Martinec, Jean-Marc Popineau, “Histoire de l’hôtel de ville de Senlis”, Compte-rendus et Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis 2018-2020, Senlis, 2023, p. 39-59.

Une tour d’escalier (XVe siècle) de l’hôtel de ville de Senlis
Chamant
Un site antique des environs de Senlis, découvert il y a fort longtemps et dont les ruines mystérieuses sont encore visibles des promeneurs attentifs en forêt d’Halatte, soulève bien des interrogations. Le site attirant les convoitises des fouilleurs clandestins armés de détecteurs de métaux, il nous a apparu intéressant de faire le point sur les études que ces ruines ont suscitées par le passé et d’émettre quelques hypothèses quant à sa nature avant que de plus importantes perturbations ne surviennent.
Les études, très fragmentaires et les rapports très succincts ne permettent pas d’infirmer ou de confirmer les diverses hypothèses émises par les fouilleurs (four de verrier ou de potier, atelier de cloutier, temple, camp fortifié, tour, usage domestique…). Cependant, il se dégage quelques grandes lignes quand on les confronte à la prospection au sol. Il semble en effet se dessiner (mais seuls des sondages soigneusement ciblés pourraient le confirmer) un bâtiment de près de 50 m de long cloisonné en trois pièces au moins et ouvert en son centre par au moins une porte à piédroits orientée vers le sud-sud-est. Ce long bâtiment semble doté de deux appendices formant comme une cour en trapèze s’évasant vers l’est-sud-est. Une dépression au milieu de la cour, dans l’axe du bâtiment, évoque un bassin tandis qu’une grosse pierre taillée évoque une demi-margelle. Un dallage de grès en façade côté cour est peut-être le résultat d’une seconde campagne de travaux.
Le bâtiment se trouve dans la partie occidentale d’un vaste enclos trapézoïdal d’environ 9500 m² orienté NNW-SSE que clôture de gros blocs calcaires formant deux parements, calés avec de plus petites pierres.
La synthèse a été publiée en 2023 :
Jean-Marc Popineau, “Le site antique de Chamant « Bois-de-l’Évêché-de-Senlis », un nouveau regard. Un site fossilisé par la forêt confronté aux observations de la fouille et de la prospection au sol”. Compte-rendus et Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Senlis 2018-2020, Senlis, 2023, p.11-29.

Vestige d’enceinte en blocs calcaire entourant la cour du site antique de Chamant – Bois de l’Evêché de Senlis
Villeneuve-sur-Verberie
Dans le cadre du PCR Les places fortes des Hauts-de-France, porté par la DRAC Hauts-de-France, Pôle Patrimoines et Architecture, Service régional de l’Archéologie, une étude de la fortification rurale de Villeneuve-sur-Verberie a été mise en ligne fin 2022.
Le phénomène des fortifications rurales collectives a rarement été abordé pour le département de l’Oise. La plupart des études sur ce sujet concernent des régions plus méridionales. Pourtant, dans l’Oise, des indices laissent supposer que c’est un phénomène beaucoup plus répandu que ce que l’on croyait jusqu’à présent et qu’un grand bouleversement du paysage a eu lieu au XIIe siècle. Dans le pays de Senlis et le Valois, un simple regard sur le plan de la Gruerie de Nanteuil dressé en 1609 nous en montre des indices explicites autour de nombreux villages. C’est pourquoi l’étude approfondie d’une ville neuve, Villeneuve-sur-Verberie, dans l’arrondissement de Senlis, créée au XIIe siècle probablement par le roi de France en bordure de son domaine royal, dépourvue de tout château, a pu, à travers un ensemble d’indice assez ténus, apporter d’intéressants renseignement sur une fortification rurale collective totalement passée inaperçue jusqu’à présent.
Villeneuve-sur Verberie est probablement fondée par le roi vers 1140, un prévôt existe en 1171, l’église est rebâtie vers 1185, Philippe Auguste y possède des biens en 1204 et 1215, mais rien ne vient indiquer l’existence de remparts ou de défenses quelconques, sauf peut-être les chicanes du plan urbain. Cependant, la fin de la situation de confins du domaine royal avec l’annexion royale du comté du Valois entraîne le désintérêt de la monarchie pour cette ville neuve et sa cession a un puissant seigneur fidèle à la Couronne, entre 1270 et 1285.
Il est possible que, dépourvu de la protection royale et ne possédant pas de château où se réfugier, les habitants de Villeneuve, peut-être rassemblés en commune depuis 1200, décident d’édifier des fortifications collectives. Les privilèges sont effectifs en 1332 et en 1340, une maison manoriale semble être édifiée à la fin du XIVe siècle et tout un réseau de souterrains – peut-être refuges – et de galeries de fuite présente des caractéristiques architecturales attribuables à tout le XVe siècle ou peut-être même au XVIe siècle, il est impossible de préciser davantage. La mis en défense serait donc à relier aux crises de la fin du Moyen Âge. Ce qui est sûr, c’est que le pouvoir royal décide la destruction des remparts en 1431. Les souterrains ont peut-être été épargnés ou bien ils ont été conçus postérieurement, au moment des guerres de religion, pour compenser la destruction des remparts.

Villeneuve-sur-Verberie, carrefour de galeries de communications et de souterrains de fuite
L’étude a été mise en ligne :
Jean-Marc Popineau, « Une enceinte villageoise médiévale dans le domaine royal : Villeneuve-sur Verberie », PCR Les places fortes des Hauts-de-France, Rapport de la deuxième année de la triennale 2020-2022, sous la direction de Thomas BYHET, DRAC Hauts-de-France, Pôle Patrimoines et Architecture, Service régional de l’Archéologie 1-3 rue du Lombard 59041 Lille cedex, 2022.